Contrat de mariage entre Pierre François Henninot et Marie Madeleine Taisne

1er juillet 1713

Comparurent personnellement Pierre François Henninot mulquinier jeune homme à marier de feu Pierre Henninot vivant fermier de la censse de la Bruière paroisse de Montigny et d'encore vivante Catherine Dubois quy furent conioins ses père et mère assisté et accompagné de saditte mère demeurans en laditte censse de la Bruière, d'Anthoine Carrez son beau-frère et de Jean Beugnicourt laboureur son oncle par alliance demeurans à Clary d'une parte, et Marie Magdelaine Taisne fille aussy à marier de Jean Taisne fermier laboureur et de deffuncte Jeanne Margueritte Carlier quy furent conioins ses père et mère assistée et accompagnée de sondit père, de Philippe Taisne son frère, de Catherine Taisne sa tante vefve sans enfant de feu Guillaume Bailleul et de Jean Taisne son cousin issu germain fermier laboureur, tous demeurans à Ligny d'aultre parte, lesquels comparans de leurs bon grez sans constraincte recognurent que pour parvenir au mariaige entre eulx concerté quy de bref au plaisir de Dieu se parfera et solemnizera en face de nostre mère la saincte Eglise sy elle y consente et accorde d'entre ledit Pierre François Henninot et laditte Marie Magdelaine Taisne, futurs marians ont faict les debvises, promesses et conditions dudit mariaige en la forme et manière que s'ensuilt

Et premier

Quant est des biens et portement de mariaige dudit Pierre François Henninot iceluy et sesdits assistants ont déclaré et mis en avant qu'iceluy futur mariant compecte et appartient prestement de la succession de sondit père la quattriesme partie par indivise de deux mencaudées de terres labourables mainferme séantes au terroir de Montigny en une pièce tenante de lisière à une mencaudée de Jacques Lefort et d'aultre lisière à une mencaudée de Jacob Allart pour en jouir prestement et à tousiours comme de son propre biens conformément au partaige à faire cy après allencontre de ses frère et soeures, de plus laditte Catherine Dubois promect et s'oblige par ceste de labourer et cultiver comme il appartient tant en saison que mars et de laisser jouir et despouiller au proffict de sondit fils futur mariant l'espace de noeuf ans consécutif et ensuivant [l'un] l'aultre une mencaudée de saison et une mencaudée de mars par chacun an lesdits noeufs ans durant et francq de rendaige à commencer pendant la présente année, lesdittes terres à prendre dans les trois royes du marchet que laditte Dubois jouy présentement, sçavoir la première mencaudée présentement advestue de bled verd à prendre dans une pièce de vingt quattre mencaudées du costé et tenante par bas aux terres occuppées par ledit Jean Taisne le jeune, Item la seconde mencaudée présentement en mars à prendre dans une pièce de vingt deux mencaudées et ce du costé et tenante de lisière à dix mencaudées occuppées par ledit Jean Taisne le jeune et d'un boult à la Warnelle, et la troisiesme et dernière mencaudée présentement en gachère à prendre dans une pièce de vingt huict mencaudées et ce du costé et tenante de lisière à deux mencaudées et demye dudit Jean Taisne le jeune, En oultre promect laditte Dubois de livrer et furnir à sondit fils en advancement et en faveur de sondit mariaige une estille de mulquinier avecq les outils et ustensils y servants comme aussy un estain de fillez pour une toille en seize le tout délivrable pendant le jour de Sainct-Rémy prochain, duquel portement de mariaige laditte Marie Magdelaine Taisne future mariante assistée que dessus a déclaré s'en tenir pour contente et bien appaisée

Et à l'égard des biens et portement de mariaige de laditte Marie Magdelaine Taisne sondit père a déclaré et déclare qu'à icelle future mariante compecte et appartient prestement la propriété de deux certain fiefs joindants ensemble le premier lige[1] contenant une demye mencaudée et le second à simple hommage contenant trois boistellées tous deux appartenants à laditte future mariante comme dict est en vertu de donnation et debvoirs de loy cy devant faict à son proffict par sesdits père et mère, et relevant dudit Ligny et scitué audit lieu tenant d'une parte à trois boistellées d'héritaige dudit Jean Taisne le jeune et d'aultre parte à une razière de Bonne Montay pour desdits deux fiefs ainsy qu'ils se comportent et extendent en jouir à tousiours comme de son propre biens, auquel effect sondit père luy donne et cède la jouissance et usufruict qu'il s'estoit réservé par lesdits debvoirs de loy, et ce parmy et moyennant que lesdits deux futurs conioins ont promis et se sont obligez par ceste de luy laisser despouiller annuellement sa vie durante seulement la juste moictié des fruicts quy proviendront des arbres existants sur lesdits deux fiefs et de luy livrer sur iceulx pendant ledit temps une portion suffissante pour y faire un courtilliez raisonnable tel que celuy qu'ils y ont à présent, sur lesquels deux fiefs ledit Jean Taisne le jeune promect et s'oblige par ceste de faire construire et ériger deux places de seize pieds de creux chacune de bon muretz de terres avecq une cave de deux estilles pour le tout en faire livrance par ledit Jean Taisne le jeune et avoir faict et achevé hors des mains de tous ouvriers et en estat d'y pouvoir faire résidence pendant le jour de Sainct-Rémy de l'an qu'on dira mil sept cents et quattorze, à l'exception néantmoins de la moictié des voitures qu'il conviendra faire à ce subiect quy demeureronts à la charge de laditte Catherine Dubois, de plus ledit Jean Taisne le jeune promect et s'oblige par ceste de labourer et cultiver comme il appartient et de laisser jouir et despouiller annuellement l'espace de noeuf ans consécutif et ensuivant l'un l'aultre au proffict de saditte fille future mariante et francq de rendaige une mencaudée de saison et une mencaudée de mars à prendre dans les trois royes de terres occuppées par ledit Jean Taisne le jeune et à commencer pendant la présente année   sçavoir pour les deux mencaudées présentement en saison et mars à prendre joindant les deux pareilles mencaudées cy dessus cédé par laditte Dubois et l'aultre mencaudée en gachère à prendre dans une pièce de vingt huict mencaudées et ce du costé et tenant de lisière à treize mencaudées occuppées par Jean-Baptiste Leclercq, promettants au surplus ledit Jean Taisne d'amesnaiger saditte fille honnestement sans touttes fois estre cottizé et de luy livrer au surplus une vache pendant le jour de Saint-Jean-Baptiste de l'année prochaine duquel portement de mariaige ledit Pierre François Henninot futur mariant assisté que dessus a pareillement déclaré s'en tenir pour content et bien appaisé

Ayant esté expressément conditionné et accordé entre les parties que le dernier vivant desdits deux futurs conioins aussy bien avecq hoirs que sans hoirs demeurera en tous biens moeubles noms raisons et actions mobiliairs réputé pour tels que délaissera le prémorant, à charge de par le survivant payer les debtes, obsecques, service et funérailles du prédécédé

Tout lequel contract de mariaige et choses dittes lesdittes parties ont respectivement promis tenir, entretenir, laisser jouir, faire valoir et guarandir, payer, furnir et enthièrement accomplir de point en point et en la manière ditte par leures foyes et serment soub l'obligations de leures personnes et biens présents et futurs et sur soixante sols tournois de paine à donner à tel juge qu'il appartiendra, renonçans à touttes choses contraire. Ce fut ainsy faict et passé audit Ligny pardevant le nottaire royal de la résidence de Prémont soubsigné avecq lesdittes parties en présence desdits Jean Taisne l'aisnel et Jean Beugnicourt dénommez au préambul du présent contract requis pour tesmoins et assistants à ce appellez le premier de juillet mil sept cents et treize

Pierre François Hennino
+ marcq de Marie Magdelaine Taisne
Catherine Duboy
Antoinne Carré
Jean Beugnicour, 1713
Jean Taisne l'ainé
Flipe Taisne
+ marcq de Catherine Taisne
[illisible]
P Leducq, 1713, notte

Mention marginale
Grossoyé le 31 mars 1718

[1] "Entier, libre, sans partage" d’après le dictionnaire du Moyen Français. http://www.atilf.fr/dmf/

(Source: AD59, Tabellion de Cambrai, 2 E 26 / 229, transcription Marc Maillot)